February 14, 2016

Sermon pour le Premier Dimanche de Carême

“Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut.”

Mes chers fidèles,

Les jours se rallongent, l’air se réchauffe. Toute la nature semble revenir à la vie. La vie repart à nouveau.

Et la Sainte Mère l’Eglise commence sa saison de pénitence. Quel mystère. Juste quand la vie commence à revenir dans le monde, nous nous abstenons de viande. Nous pratiquons la mortification. Nous sommes comme morts ou voulant mourir.

Parce que nous ne sommes pas de ce monde, mes chers fidèles. Notre vraie vie ne vient pas de ce monde mais du monde à venir. Ce monde ici-bas est une belle image de Dieu Lui-même. Tout comme la peinture d’un ami n’est rien comparée à la presence réelle de cet ami.

Et alors, quand nous voyons cette vie revenir dans ce monde, nous ne pouvons pas nier cette vie. Nous ne la supprimons pas. Nous n’essayons pas de la tuer. Nous la bénissons. Nous levons nos yeux encore plus haut. Nous Le contemplons, Lui qui donne la vie. Nous Le contemplons Lui qui est la Voie, la Vérité et la Vie. Nous donnons cette nouvelle vie à Lui qui en est l’auteur et le seul qui peut l’amener vers la perfection.

C’est une loi de la nature que pour que quelque chose vive, elle doit d’abord mourir. Le petit gland ne devient pas le puissant chêne avant qu’il ne soit enterré au préalable. Et là il germine. Là il prend racine et grandit jusqu’à devenir un arbre énorme. Les animaux ne peuvent vivre s’il n’y avait pas les plantes qu’ils mangent. Et l’homme ne pourrait pas vivre sans les animaux.

Et donc nous, également, mes chers fidèles, devons mourir si nous devons vivre. Nous avons été créés pour server Dieu et pour Le voir au Paradis. Mais pour Le voir il nous faut mourir. Nous devons mourir en nous-mêmes.

Et voici la saison du Carême. C’est la consécration de toute vie pour Dieu en Lui donnant les vrais principes de cette vie, qui est la mort. La Mortification. Un profond mystère. Un mystère qui atteint même le mystère de la Croix, sur laquelle la Vie du monde est morte, pour que tous puissent vivre.

Car nous ne recherchons pas la douleur pour elle-même, mes chers fidèles. Nous ne faisons pas pénitence seulement parce que nous aimons le faire. Nous ne nous mortifions pas simplement parce que nous sommes morbides. Non, pas du tout. Nous souffrons parce que nous voulons vivre. Nous voulons vivre une vie mille fois plus riche que la vie matérielle ici-bas. Une vie si riche qu’il n’y a pas de mots pour l’exprimer.

L’eau est une substance étonnante. Par elle tout chose vivante peut vivre. Elle rafraîchit, elle donne de nouvelles vies. Mais personne ne peut boire de l’eau sans qu’elle soit d’abord dans une sorte de container. L’eau qui est versée ne peut pas être utilisée pour beaucoup de choses, elle rend juste tout humide. Mais quand l’eau est rassemblée, quand elle est contenue, elle peut faire des choses admirables. Par exemple dans les usines modernes d’aujourd’hui où l’eau peut etre compressée à un point tel qu’elle peut même couper le métal.

Et notre amour est comme l’eau. Elle doit couler bien évidemment, sinon ce n’est pas de l’eau mais de la glace. Mais elle doit couler de la bonne manière. Elle doit couler dans un canal. Elle doit être contenue pour être vraiment bue, pour vraiment donner la vie.

Ainsi, nous contenons (“contenir” en francais veut aussi dire “restreint”) notre amour pour les choses matérielles durant le temps de Carême. Nous dirigeons notre amour pour les seules choses qui peuvent vraiment le satisfaire: les choses du ciel. Nous ne nous mortifions pas par haine de nous-même mais parce que nous nous aimons véritablement. Nous mettons de l’ordre dans ces choses qui se sont égarées. Nous gardons notre amour pour ces choses qui le méritent. Nous gardons notre eau pour que nous la buvions, pour nous donner la vie, pas pour être gaspilée sur des choses insignifiantes.

Mes chers amis, c’est le mystère que St. Paul nous montre. “Comme châtiés, et nous ne sommes pas mis à mort ; comme attristés, nous qui sommes toujours joyeux ; comme pauvres, nous qui en enrichissons un grand nombre ; comme n’ayant rien, nous qui possédons tout.” (de l’épître). Voila le mystère de la vie chrétienne. Voila ce qui fait de nous des Chrétiens. Voila le mystère de la Croix. Voila comment la vie vient au monde. Le monde ne trouvera pas une nouvelle vie en éliminant la souffrance. Non. Mais par la sanctification de la souffrance. Par le sacrifice. C’est par le sacrifice que la vie vient dans ce monde. Tout comme une mère doit souffrir pour mettre au monde un enfant.

Mes chers fidèles, ouvrez-nous, vous aussi, votre coeur (2 Cor 6.11). N’utilisez pas en vain votre coeur sur des choses qui ne peuvent pas le satisfaire. Vous êtes faits pour voir Dieu. Dieu Lui-même. Les choses de cette terre ne peuvent pas vous satisfaire. Seul Dieu le peut.

Usez de ce temps de Carême pour trouvér votre vraie vie. Embrassez la pénitence avec enthousiasme, sans douleur. C’est la pénitence qui vous apporte une nouvelle vie. Vous donne une vie mille fois plus riche que ce que vous aurez sacrifié. Ce que vous sacrifiez n’est rien en comparaison de ce que vous recevrez en récompense. Et que Notre Dame vous garde. Elle est la Mère du Doux Amour. Elle est l’Immaculée Conception. Elle n’avait aucune nécessité de pénitence pour expier ses péches car elle fut préservée de tout péché. Et pourtant elle fit pénitence. Elle fit pénitence pour nous. Car Elle fut celle qui compris plus que tout autre que le salut du monde vient de la Croix. Et Elle était la, au pied de la Croix, quand tous les autres avaient abandonné Notre Seigneur, Elle était la.Et qu’Elle nous garde à la Croix. Qu’Elle nous permette de garder nos bonnes résolutions et nous garder fidèles, fidèles jusqu’à la fin. Ainsi soit-il.

Pr. John Jenkins