March 13, 2016

Le Premier Dimanche de la Passion

« Et c'est pour cela qu'il est le médiateur d'une nouvelle alliance, afin que, la mort étant intervenue pour le rachat des transgressions commises sous la première alliance, ceux qui ont été appelés reçoivent l'héritage éternel qui leur a été promis » En Jesus Christ, notre Seigneur.

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Ainsi soit-il.

Mes chers fidèles,

Nous venons de débuter le temps de la Passion de Notre Seigneur. Chaque signe de joie est retiré de nos autels. Les images sont couvertes. Nous commémorons la mort de notre Sauveur. Notre Sauveur qui a vécu trentre-trois années parmi nous, par amour pour nous, prépare maintenant Son Eglise à recevoir l’acte suprême de Son amour : le fait de donner Sa vie pour notre rédemption.

Dieu est la bonté en Lui-même. Il est bonté infinie. Une bonté infinie qui cherche toujours à se donner, à se communiquer aux autres. Dans Sa vie-même, au cœur de la Sainte Trinité, il y a une communication intense. Une communication de la nature divine. Une communication de la divinité. Parmi trois personnes, qui continuellement, non, éternellement, sans aucune altération ou ombre d’altération se donne complétement. Leur don est si total, de l’un a l’autre, qu’il est de la même et exacte nature que la divinité elle-même. Le savoir infini de Dieu s’exprime dans le Verbe de Dieu. L’amour infini de Dieu, procédant de la Troisième Personne du Saint Esprit. Un courant immense d’amour. Une vie infinie. Une vie si intense qu’elle convient seulement à Dieu. Dieu n’a besoin de rien. Sa vie est si immensement riche qu’elle ne peut seulement s’exprimer qu’en Lui-même, elle ne peut seulement être vécue que par Lui-même.

Et pourtant Sa bonté est si débordante, Il souhaite nous donner une partie de sa vie. Par un acte gratuit de Sa volonté, Il créé. Il créé à partir de rien. Simplement en voulant l’existence des autres choses, Il leur donne vie. Il a créé l’univers en entier, toutes les choses visibles et invisibles, toutes les choses physiques et spirituelles. Chacune de ses choses étant seulement une petite portion de Son immense être. Seulement une trace. Seulement un fragment de Sa beauté et de Sa majesté. Il confère à toute chose sa propre nature et ordonne toute chose avec douceur par Sa Providence.

Et pourtant Sa bonté ne s’arrêta pas la. Non. Il permet non seulement l’existence de toute chose, lui donnant une nature et une forme propre mais Il ose donner à ces choses les plus proches de Lui une participation dans la vie qu’Il a en Lui-même. Il donne aux hommes et aux anges une participation dans Sa propre vie. La vie en laquelle les Trois Personnes procèdent de manière éternelle. Il donne la grâce sanctifiante, une participation, une participation physique et formelle, en Sa propre vie.

Remarquez l’audace de Dieu. Il ose nous donner, à nous, pauvres et faibles créatures, une part de Sa propre vie. Quelle extraordinaire audace ! Quelle extraordinaire confiance en nous . Quel enorme amour.

Et qu’avons nous fait de cette confiance? Qu’avons-nous fait de cet amour? Nous l’avons trahi. Le premier des anges tombe du ciel, pensant être Dieu, être Dieu de par son propre pouvoir. Et nos premiers parents, par la même tentation, furent laissés pauvres, aveugles et nus, rejetant la grâce de Dieu. Rejetant l’amour de Dieu. Rejetant l’amitié de Dieu. Par l’acte de malice et d’ingratitude le plus malsain, l’homme a voulu être séparé de son créateur.

Mais même dans l’ombre de cet horrible rejet, Dieu est patient. Sa volonté de Se donner est tellement immense qu’Il fit la promesse d’un Messie. Il promit un Rédempteur. A Adam et Eve, Il promit que cela viendrait d’une femme d’écraser la tête du serpent.

Et les générations d’hommes se succédèrent. Toute l’humanité devint si corrompue que Dieu envoya un déluge pour détruire toute l’humanité mis à part 8 âmes, et de seulement ces huit âmes, il perpétua la race humaine. Et même après ce châtiment, l’homme continua à pécher. Dieu choisit Abraham, de tous les hommes sur la surface de la terre, pour être le père de Son peuple élu. Ce peuple élu qui fut sauvé par Dieu de l’esclavage en Egypte, grâce à des signes et des miracles. Et même après ces signes et ces miracles afin de les faire sortir d’Egypte, ce peuple abandonna Dieu. Ils servirent des idoles. Il se firent un veau d’or à adorer. Que Dieu est patient.

Apres des générations et des générations, Dieu les prépara à être le peuple parmi lequel il enverrait le Messie. Il leur envoya des prophètes. Des prophètes qui rendraient évidente Sa loi, pour manifester Sa bonté. Mais ce peuple ignora pour la plupart ces prophètes, ils rejetèrent leur bonté. Et ils tuèrent les prophètes.

Et pourtant Dieu, dans son infinie patience, persista avec ce peuple. Quel amour infini. Son infinie audace ! Il osa envoyer Ses messagers, Ses Saints Prophètes, Ces saints, afin de convertir Son peuple. Et ils les refusèrent. L’un apres l’autre, ils se moquèrent d’eux. Ils les tuèrent. Et pourtant la volonté de Dieu de s’unir à sa création ne peut pas être stoppée. Son amour ne connait aucun obstacle. Et Dieu atteignit le summum de l’audace. En quelque sorte, quelque chose de complétement fou, penserions-nous: à ce peuple dégénère, à ce peuple qui avait refusé tout ce qu’Il leur avait donné, Il envoya Son Fils unique. Il envoya la Deuxième Personne de la Sainte Trinite, afin de prendre chair, de se mêler à nous. En se disant : au moins ils honoreront Mon Fils.

Et ils Le mirent a mort.

Quelle incroyable ingratitude ! Pourquoi n’avons-nous pas un océan de larmes à verser ? Que peut-être fait pour atténuer cet outrage ? O quelle mechanceté ! N’avons-nous pas, mes chers frères, des raisons d’avoir honte? Comment pouvons-nous penser quoi que ce soit de nous-mêmes après cela ?

Mes chers amis, nous devons confesser que nous n’avons rien mis à part pleurer. Avoir peur de Dieu. Et aimer Dieu. De nous-mêmes nous ne sommes rien que poussière et cendre. Par nos péchés, moins que rien. Ne méritant rien.

Mais Dieu est si infini dans sa miséricorde qu’Il nous appelle à Lui-même. Sa volonté est de s’unir à Sa création. Son amour paternel appelle en permanence Ses enfants vers lui.

Et Notre Seigneur Jésus Christ est cette union de Dieu avec Sa création. Notre Seigneur est la Deuxième personne de la Sainte Trinité, hypostatiquement uni à notre nature. Il est le lien, l’union substantielle de la Nature Divine à l’humanité. En Sa personne Il élève le monde entier vers l’union la plus intime avec le Père éternel. Le Christ est le lien. C’est Lui qui nous unit au Père. L’union la plus intime qu’il détient avec le Père, l’union qu’Il possède en nature avec la Sainte Trinité, il l’étend en-dehors de Dieu, au monde entier. Il communique avec nous, avec nous, la même unité substantielle qu’Il a avec Son Père.

Ainsi, en Notre Seigneur, toutes les richesses de la divinité sont nôtres. En envoyant le Fils de Sa poitrine à nous, Dieu ouvre les profondeurs de la Divinité. Il nous les livre. Dans la plénitude de ses richesses, en la personne de Son propre Fils, qui vient vers nous, transmettant le savoir et la grâce divins. Dieu nous a fait une promesse envers nous en nous envoyant Son Fils. Et le Christ, le Fils de Dieu, prenant forme humaine remplit cette promesse pour nous. Le Christ est le dépôt, le centre, le sommet de toute chose. Toute chose est en Lui et en Lui nous possédons tout.

Il n’y a pas d’autre médiateur que Notre Seigneur Jésus Christ, Il est la voie, la vérité et la vie. Personne ne peut aller au Père si ce n’est par lui. Il n’y a rien d’autre.

Alors, mes chers amis, combien de temps, combien de temps allons-nous continuer à nous languir dans la médiocrité ? Combien de temps? Pourquoi nous enchaînons-nous à des préoccupations matérielles? A des choses qui sont si pauvres et inutiles? A des choses si indignes de nous? Pourquoi nous prostituons-nous à des choses de ce monde ? Pourquoi continuons-nous à pécher, en mettant des créatures à la place de leur créateur ? Pourquoi?

Mes chers amis, dans quelques instants, Notre Seigneur viendra à nouveau sur cet autel. Tel un signe continu de cette promesse qu’il tient pour nous devant son Père, Il S’offre à nouveau. Il vous donnera le sacrement de Son corps, pour être consomme par vous, pour que vous puissiez être consomme par Lui. De la même manière que le Christ a inséparablement pris pour Lui-même la nature de notre chair, Il nous conduira au Père, le Père qui est en Lui. Par la Sainte Eucharistie, le Christ est en nous et nous sommes avec Lui en Dieu.

Ne laissez pas la Sainte Communion devenir une routine mes chers fidèles. Il s’agit de l’acte le plus sublime qui nous est donné de faire dans cette vie. C’est le don total de la vie de Dieu en nos âmes. Donnez-vous entièrement à Dieu en retour. En notre Seigneur Jésus Christ, vous avez le pouvoir de nous donner entièrement a Lui, de devenir même comme Lui. Seulement une Sainte Communion a le pouvoir de vous rendre saint. Elle a le pouvoir de guérir toutes vos misères, si seulement vous vous y rendez disposé, si seulement vous vous disposez à devenir meilleur. Si seulement vous aimez Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme et de toute votre force.

Alors priez Notre Dame. Le mystère que vous êtes sur le point de recevoir dans quelques instants, elle fut la première à le recevoir. Elle reçut ce mystère le jour de son Annonciation, quand le Verbe devint chair dans ses entrailles. Ce fut elle qui donna un corps de chair à Notre Seigneur. Ce fut elle dont Notre Seigneur tira Son humanité. Ce fut en elle que Dieu S’unit à Sa création.

« Hoc est enim Corpus meaum » « Hic est enim calix sanguinis mei » « ceci est mon corps, ceci est mon sang ». Notre Dame, quand elle se tint au pied de la Croix, pouvait prononcer ces mots. Regardez mon Fils, regardez-Le à qui j’ai donné une partie de mon corps, une partie de mon sang. Elle est la médiatrice de toutes les grâces, parce qu’elle a eu le courage de dire « qu’il en soit fait ainsi suivant votre volonté ». Elle eut le courage, je dirais, de se laisser aimer.

Mes chers frères, laissez-vous aimer. Ayez le courage d’être aimé par Dieu. Il demande beaucoup mais seulement parce qu’il vous donne tant. Il est un amant jaloux, car il vous a tout donné. Il vous a meme donné Sa propre vie. Aimez-Le alors, aimez-Le de tout votre cœur, comme Notre Dame Lui donna le sien. Et son cœur, son cœur immaculé, veillera sur vous. Elle est la protectrice de toutes les vertus. Montrez un peu de générosité, un petit peu d’audace, l’audace de Dieu si vous voulez et ses vertus deviendront également les vôtres, ses joies seront les vôtres, les vôtres pour l’éternité. Ainsi soit-il.

Abbe John Jenkins