April 10, 2016

Sermon pour le 2 dimanche après Paques, du Bon Pasteur

« Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis » Dans quelques semaines, nous allons célébrer la Pentecôte. Vous savez, que la fête de la Pentecôte, avant l’envoi du Saint Esprit, était une fête de l’Ancien Testament, qui commémorait la réception des dix commandements par Moïse, sur le Mont Sinaï. Après quarante jours de jeûne et de prière pour son peuple, récemment délivré de l’esclavage en Egypte, Moïse gravit la montagne pour parler avec Dieu. Moïse descendit la montagne, en portant avec lui la loi pour gagner la vie éternelle.

Qu' a-t-il trouvé quand il est descendu du Mont Sinaï ? Ce même peuple, que Dieu a délivré de l’esclavage par des signes et des miracles, et qui est tombé dans l’idolâtrie. Ils se sont fait un veau d’or pour l’adorer comme Dieu et Sauveur. Le Bon Dieu dans sa miséricorde les a sauvés de l’esclavage, mais ce peuple dégénéré s'est vendu à l’esclave de l’idolâtrie.

Quelle ingratitude insensée ! Il avait sauvé ce peuple de l’esclavage, opérant parmi eux des signes et des miracles, et ils rejetèrent le vrai Dieu. Ce veau d’or, qu'a-t-il fait pour eux ? Mais ils adorent cette idole au lieu de celui qui les a sauvés. Il les avait nourris du pain du ciel, et ils mangent les mains qui les ont nourris. Il leur a donné de l’eau du rocher, ils se noient dans l’idolâtrie. Quelle ingratitude ! La colère de Dieu s’enflammait contre eux – et Dieu parla à Moïse : « Je vois que ce peuple est un peuple à la nuque raide. Maintenant, laisse-moi : que ma colère s’embrase contre eux, et que je les consume ! Mais je ferai de toi une grande nation » (Ex 32,10). Moïse aurait pu laisser faire, il aurait 1pu laisser Dieu dans sa justice détruire ce peuple pécheur. Il avait déjà accompli sa mission, il les avait ramené d’Egypte. Il aurait pu prendre sa retraite, et laisser Dieu les détruire.

Mais il n'a pas agi ainsi. Moïse supplia le Bon Dieu : « Qu’il ne soit pas ainsi – souvenez-vous de la promesse que vous avez faite à Abraham, à Isaac, et à Israël. Qu’il ne soit pas dit que vous avez tiré ce peuple de l’Egypte pour les tuer dans le désert. Pardonnez-leur ce péché, sinon effacez-moi de votre livre, le livre de vie, que vous avez écrit » (Ex 32, 32) Dieu exauça cette prière, et ce peuple a été sauvé de la mort par la prière de Moïse. Moïse s’est offert, sa vie est sa récompense. Il était le vrai pasteur, le bon pasteur, qui donna sa vie pour ses brebis. Il était le gardien, comme nous le lisons dans le livre d’Ezechiel (Ez 3, 17), qui devait surveiller la maison d’Israël, le guetteur qui doit répondre de la perte de chaque âme par son propre sang, comme le bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis.

Il n’y a pas de plus grande dignité sur terre que celle du sacerdoce. Entre nous et le Bon Dieu il y a une distance infinie, une distance infranchissable. Dieu est si différent de nous ; Il est infini, nous sommes finis ; il est pur esprit, nous sommes corps et âme ; Il est créateur de tout, nous ne sommes que poussière et cendre ; Il est la source de toute vie, immortelle ; nous n'avons que quelques années ; il est le juge de tous, nous sommes sujets à ses décrets. Comment l’homme peut-il s’unir à Dieu ? Comment peut-il trouver amitié avec Dieu ? Comment s’approcher de Dieu ?

Imaginez que vous êtes sur la berge d’une rivière, et que vous deviez passer de l’autre côté. Nager, c’est difficile, voire 2dangereux. Pour franchir la rivière, vous avez besoin d’un pont. La découverte du pont était pour les anciens Romains une chose divine, et celui qui construisait les ponts s’appelait le « Pontifex », de « pontum faciens ». De ce mot, nous avons le mot : « Pontife ». Notre-Seigneur est le Pontife de nos âmes. Notre Seigneur est le lien entre Dieu et ses créatures. Notre Seigneur est le pont entre nous et la divinité. C’est Notre Seigneur, qui, comme un pont, s’élève des deux cotés de la rivière – Il est Dieu, la deuxième Personne de la Sainte Trinité, et il est homme, en prenant une nature humaine comme la nôtre. Il est le médiateur entre Dieu et l’homme.

Le moyen par lequel Notre Seigneur fait sa médiation, c’est le sacrifice. Par le sacrifice, nous offrons à Dieu ce que nous possédons, selon la disposition de sa volonté. Le sacrifice n’est pas la destruction seule d’une chose, mais par contre la donation à Dieu de ce que l'on sacrifie. La chose offerte est donc ennoblie, enrichie, transformée, parce qu’elle passe dans la possession de Dieu. Les sacrifices que vous faites, ne sont pas une destruction, mais une transformation à une dignité supérieure, une vie supérieure, parce que par ce moyen la vie de Dieu est partagée avec la chose offerte.

Vos sacrifices, vos mortifications, par exemple : l’endurance patiente d’une épreuve, des insultes, la dévotion à son devoir d’état, etc, ne sont que des choses à faire, un devoir. C’est vrai, on doit les faire, mais par ces sacrifices vous entrez dans la vie même de Dieu, parce qu’ils lui sont offerts. Les efforts que vous faites pour l’amour de Dieu, vous font entrer dans la vie même de Dieu. Quel mystère – comment est-ce possible ?

C’est le sacerdoce de Notre Seigneur qui permet tout. C’est le sacerdoce de Notre Seigneur qui permet cet échange entre Dieu et l’homme. Le sacerdoce permet ce commerce avec le bon Dieu. Par le fait que Jésus-Christ a donné sa vie sur la Croix, nous nous pouvons, nous aussi, nous offrir sur nos croix quotidiennes. Notre Seigneur nous a donné sa vie, nos vies aussi, peuvent être transformées par sa grâce. Nous pouvons entrer dans la terre promise, le ciel éternel, par cette grâce. Nous pouvons entrer dans la vie de Dieu lui-même. Mais comment obtenir cette grâce ?

Dieu dans sa bonté infinie, a choisi parmi les hommes, des ministres pour vous transmettre la grâce de Dieu. Chaque prêtre est pris parmi les hommes, pour donner aux hommes les choses qui appartient à Dieu (Heb 5, 1). Par le sacrement de l’ordre, Notre Seigneur imprime dans les âmes des prêtres, un caractère, un pouvoir, qui le fait participer à son sacerdoce. C’est ce pouvoir qui le fait un ministre de l’Eglise, un autre Christ. Et comme Notre-Seigneur, il est ainsi homme et divin.

Il est homme ; tout qui est humain lui concerne. Comme Saint Paul le dit, il est pris d’entre les homme, afin qu’il peut traiter avec indulgence les ignorants et les égarés, parce qu’il est lui-même revêtu de faiblesse. Dieu aurait pu choisir des anges pour nous donner ces sacrements, mais ces sacrements son fait pour les hommes, pour la sanctification des êtres humains.

Il est divin ; il a reçu de Dieu un pouvoir divin – le pouvoir d’offrir le sacrifice de Notre Seigneur. C’est donc par le prêtre que le monde est sanctifié. Comme le monde a besoin de la grâce, ainsi le monde a besoin des prêtres. A quoi ça sert d’avoir une ordonnance, s’il n’est pas possible de l’obtenir ? 4A quoi ça sert d’avoir un docteur, sans avoir un pharmacien ? Tout les deux sont nécessaires. L’oeuvre de l’Eglise est essentiellement sacerdotale. Elle travail pour la gloire de Dieu par la salut des âmes. L’Eglise existe pour nous transmettre la vie de la grâce que Notre Seigneur, le prêtre souverain et éternel, nous a gagné sur la Croix.

Vous voyez donc, mes chers amis, pourquoi la sainteté des prêtres est si importante. Vous devez prier chaque jour pour la sanctification des prêtres. Vous devez offrir des sacrifices pour eux, parce qu’ils doivent répondre devant Dieu pour vos âmes. Ils sont des intermédiaires entre vous et Dieu. Ils prennent sur eux-mêmes la charge de vos âmes, et leur sang sera demandé s’ils ne remplissent pas leur office comme il se doit. C’est une grande grâce d’avoir des prêtres qui se soucient pour votre salut. C’est très facile de ne rien faire. C’est très facile de laisser faire les autres dans leurs erreurs. Pensez que cette une grande grâce quand un prêtre intervient !

Il y a un proverbe qui dit qu’on a les chefs qu’on mérite. Une autre raison pourquoi vous devez prier pour les saints prêtres. Il faut coopérer dans l’oeuvre de votre rédemption par vos prières et par vos sacrifices. Si vous ne le faites pas, Dieu va envoyer ses prêtres ailleurs. Il y a beaucoup besoin de prêtre partout, dans toutes les pays. Appréciez la bonté de Dieu, parce qu’on ne méprise pas la bonté de Dieu. On ne se moque pas de lui.

Dieu ne change jamais. J’ai vous a raconté de l'Ancien Testament comment Dieu sauva les Juifs de l'esclavage d'Egypte.

D'une main toute puissante. Il les retira d'un état de sujétion, avec des miracles et des prodiges. Dieu les a nourri dans le désert avec le pain du Ciel et l'eau jaillissant du rocher.

Et la plupart de ces hommes n'étaient pas agréables à Dieu. Ces hommes murmuraient à Ses commandements. Il désobéissaient à Ses ministres. Ils préféraient leurs petits plaisirs mesquins à la volonté du Bon Dieu. Il refusèrent d'entrer dans la Terre promise. Et Dieu les laissa mourir dans le désert.

Quarante années dans le désert, jusqu'à ce que chacun d'entre eux meure, exceptées deux âmes fidèles. Et cela est la situation dans laquelle nous sommes maintenant, mes chers fidèles.

Quarante années de désert. - Nos écoles catholiques ont disparu, nos universités catholiques ont disparu, les séminaires fermés, les paroisses vides, une triste parodie de la Messe établie dans le sanctuaire de Dieu. Dans les années cinquante, l'Eglise catholique était à la veille d'une victoire glorieuse.

Sa doctrine pure et immaculée était préchée dans le monde entier. Son influence morale attirait des milliers d'âmes chaque année à ses sacrements salutaires. L'Eglise catholique avait été délivrée miraculeusement de la deuxième guerre mondiale. Elle était le seul espoir pour les nations tombées dans le matérialisme et le communisme.

Mais les catholiques de cette époque-là ont choisi le matérialisme. Ils ont choisi d'être les amis du communisme et du monde moderne. moderne. Ils se sont compromis avec le monde Ils ont pensé que la foi catholique est bonne seulement pour le dimanche et non pour la semaine. porté leur intérêt sur les choses de ce monde. Ils ont Ils ont refusé d'entrer dans la Terre promise et Dieu les laisse mourir dans le désert.

Dieu aurait nous abandonné complète, s’il n’avait pas un homme, qui était vraiment le bon pasteur, qui donnait sa vie pour ses brebis.

Peut-être vous savez déjà, mais chaque année Rome publie un gros livre, un livre qui s’appel le Annuario Pontifico, dans lequel est publié tous les noms des Evêque de l’Eglise Catholique. Chacun des Eveques y sont, avec leurs titres et leurs dignités, avec un petit histoire de leur carrière. Pour beaucoup d’années, un prêtre y avait son nom, suivi de titres très importants. Il était un grand missionnaire en Afrique, après un Eveque, même Archiévêque. Il était pour longtemps la main droite du Pape pour tous les affaires en Afrique francophone. Combien et combien de vocations, même à l’episcopat, ont reçu le sacerdoce de ses mains ! Après cette carrière glorieuse, il s’installé à Rome, pour prendre sa retraite.

Alors, quelques jeunes hommes lui sont venu demander l’aide. Ils avait soif dans le désert de Vatican II. Il aurait été très facile à dire à ces jeunes de trouver quelqu’un d’autre. Il avait déjà fait plus pour l’Eglise que le plus part des Evêques ont fait pendant toute leur vie. Il avait déjà 65 ans. Il aurait été mieux de demander quelque d’autre, de moins d’expérience, à commencer un tel projet. Imaginez-vous, commencez un séminaire international, pendant un temps quand des milliers ont quittée le sacerdoce. Impensable !

Mais, malgré l’ingratitude des autorités romaines même, ce prélat a continué de se donner. Malgré ce peuple de la nuque raide, il continuait à donner ce que Notre Seigneur lui a transmis. Quand le moment est venu, quand il devrait donner aux autres ceux qu’il avait reçu, il n’a pas hésité. Comme Moïse, il disait simplement, qui ne périssent point dans ce désert, mais au contraire, effacez-moi de ce livre ! »

Et bien sur, mes chers fidèles, qu’après ce moment historique, où Monsigneur a continué la plénitude du sacerdoce de Notre Seigneur, le nom de Marcel Lefebvre n’était plus dans l’Annuario Pontifico. Il a donné sa vie pour ses brebis, parce qu’il était un prêtre digne de ce nom.

Mes chers amis, remerciez le bon Dieu chaque jour pour nous avoir donner Mgr Lefebvre. Si vous recevez la grâce de Notre Seigneur aujourd’hui, à cette Messe, c’est grâce à lui. Soyez fidèles à cette grâce. Prenez courage de son sacrifice, de ce qu’il a sacrifié pour vous donner la Messe de toujours. Vivez cette Messe, dans votre vie quotidienne. C’est tout qu’il demande en échange, pour tout ce qu’il nous a donné, c’est tout qu’il demande. Vous savez peut-être par coeur le sermon du Jubilée, qu’il a prononcé pendant l’été chaud. Il y avait donné son testament, rien d’autre que le testament de Notre Seigneur nous a donné en son sang:

« Pour la gloire de la très sainte Trinité,

pour l’amour de Notre Seigneur Jésus-Christ,

pour la dévoition à la très sainte Vierge Marie,

pour l’amour de l’Eglise,

pour l’amour du pape,

pour l’amour des évêques,

des prêtres,

de tous les fidèles,

pour le salut du monde,

pour le salut des âmes,

gardez ce testament de Notre Seigneur Jésus-Christ !

gardez le sacrifice de Notre Seigneur Jésus-Christ !

gardez la messe de toujours ! »

Oui, Monseigneur, pour toujours !

Ainsi soit-il.

Abbe John Jenkins